Comparativement aux fractures des doigts longs et du radius distal et/ou ulna dont la prévalence est respectivement de 15% et 35% (1), les lésions ligamentaires intracarpiennes sont peu décrites dans la littérature(2)(3). L’une des hypothèses serait que l’hyperlaxité physiologique d’un enfant et la masse cartilagineuse recouvrant les noyaux d’ossification des os du carpes apparaissent pour certains auteurs comme facteurs protecteurs. En effet, avec un coefficient d’élasticité élevé, le cartilage peut encaisser une forte énergie cinétique(4). Aussi, les lignes de force ont tendance à passer à travers la physe et non le carpe, la physe étant la zone la plus fragile du squelette en croissance(5).
Les termes « entorse du poignet » ou « lésion osseuse occulte » sont fréquemment employés dans la pratique quotidienne, mais sont non spécifiques. A ce jour, il n‘existe pas de description précise de la pathologie sous-jacente(6). La principale difficulté réside dans la reconnaissance diagnostique des lésions ligamentaires d’un poignet de l’enfant qui peut s’expliquer en deux points : 1/ l’examen clinique d’un jeune enfant blessé est parfois difficile 2/ les radiographies standards effectuées en urgence d’un carpe immature sont difficiles d’interprétation et peuvent manquer des lésions ostéo-cartilagineuses ou ligamentaires. En effet, l’ossification des os du carpe est tardive, et nombreux sont les pièges radiologiques, que ce soit en excès ou en défaut.
Après un rappel des étapes d’ossification du carpe, des particularités anatomiques impliquées dans sa stabilité, nous détaillerons les éléments du diagnostic clinique et radiologique devant faire évoquer une lésion ligamentaire du carpe. Nous mènerons par la suite une revue des différentes lésions du carpe retrouvées dans la littérature ainsi que leur traitement.
Notre revue se limitera aux patients dont les cartilages de croissance de la région radiocarpienne sont encore ouverts.